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Soène aux mots passant
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26 mars 2014

L'amour sans le faire

L'amour sans le faire

Serge Joncour

L'amour sans le faire-Serge Joncour

 

 

 

"Ne pas pouvoir s’aimer, c’est peut-être encore plus fort que de s’aimer vraiment, peut-être vaut-il mieux s’en tenir à ça, à cette haute idée qu’on se fait de l’autre sans tout en connaître, en rester à cette passion non encore franchie, à cet amour non réalisé mais ressenti jusqu’au plus intime, s’aimer en ne fait que se le dire, s’en plaindre ou s’en désoler, s’aimer à cette distance où les bras ne se rejoignent pas, sinon à peine du bout des doigts pour une caresse, une tête posée sur les genoux, une distance qui permet tout de même de chuchoter, mais pas de cri, pas de souffle, pas d’éternité, on s’aime et on s’en tient là, l’amour sans y toucher, l’amour chacun le garde pour soi, comme on garde à soi sa douleur, une douleur ça ne se partage pas, une douleur ça ne se transmet pas par le corps, on n’enveloppe pas l’autre de sa douleur comme on le submerge de son ardeur. C’est profondément à soi une douleur. L’amour comme une douleur, une douleur qui ne doit pas faire mal." (page 219)

Cette page-paragraphe résume l’histoire et explique le titre choisi par Serge Joncour. Comme une réflexion que l’auteur se ferait à voix haute.

Louise et Franck ne se connaissent pas. Alexandre, ce mort bien présent dans leur cœur, était le frère de Franck et le mari de Louise, mère d’un petit Alexandre.

Deux lieux, la campagne, rude à cause de la terre et des hommes, la ville qui n’est pas l’eldorado qu’ils croyaient trouver, deux parents-beaux parents, deux Alexandre, ces liens forts qui les relient et apaisent les tensions, les ingrédients qui font ce roman sans mystère mais attachant.

Dans les cent premières pages, les chapitres alternent sur les deux vies en parallèle de Louise et Franck. Ce parallèle arrivera-t-il à se fondre pour ne faire qu'un chemin ? Le livre finit plutôt bien.

Et puis, petit à petit, l’enfant de 5 ans prend toute la place, la vie des adultes tourne désormais autour de lui. Si Alexandre, le mort, les sépare, le petit Alexandre les rapproche involontairement ou pas... "Dans l'amour, la tendresse remplace parfois la passion charnelle." (cf France Info)

Dans cette ferme du Lot, la pudeur des sentiments est là, aussi forte que les rayons du soleil en été, aussi blessante que la vie aux champs.

"De toute façon l’émotion ce n’était pas leur genre, il n’avait jamais vraiment été question de ça, entre eux tout passait par autre chose, bien à distance l’un de l’autre, tout ce qui normalement s’exprime par la parole, entre eux ça passait par d’autres signes, dans un regard ou un silence, un soupir souvent, il était souvent question de ça, de soupirs, dans un soupir il y a bien plus à entendre que dans une phrase." (page 118)

Quant à Louise, elle est toujours habitée par son amour mort. Les hommes lui ont apporté tant de bonnes et mauvaises choses, la mort et la vie. Son fils en est le miroir, précieux et fragile, qu'elle veut protéger.

Elle est sûre d’une chose, plus jamais elle ne pourra faire l’amour avec un homme pour lequel elle aurait des sentiments, elle ne supporterait plus cette manière d’affoler l’affection, ce risque fou auquel ça expose d’aimer.

Elle craindrait même de se rapprocher d’un homme qu’elle n’aimerait pas, mais qui serait là, ce serait terrible de s’habituer à sa présence, le manque que ça ferait naître si là encore, pour une raison ou pour une autre, il devait disparaître ou s’éloigner. Aimer, ce serait de nouveau s’exposer à la peur, la peur d’être dépossédée une seconde fois. Cet homme qu’elle aimait avant, il lui servait de repère et de raison d’être. Dans l’amour il y a bien plus que la personne qu’on aime, il y a cette part de soi-même qu’elle nous renvoie, cette haute idée que l’autre se fait de nous et qui nous porte. D’autant que cet homme-là, il l’avait accueillie dans son univers, il lui apportait tout, une vie, un décor, une famille, un équilibre, cet homme-là c’était tout son monde. Sans qu’elle s’en rende compte il dessinait les concours de son existence. C’est toujours dangereux de miser son destin sur un homme. C’est si fragile, un homme. (pages 48-49)

Mais dans la vie, il faut toujours insister et tout peut continuer, autrement. La vie c’est comme un film, on peut la réinventer.

Une histoire simple et vraie, sans surprise certes, mais que j’ai beaucoup aimée. 

Serge Joncour (né le 28/11/1961)est l'auteur de plusieurs romans parmi lesquels UV (Prix France Télévision 2003, Combien de fois je t'aime, L'idole adapté au cinéma sous le titre Superstar.

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Commentaires
S
Je l'avais déjà noté celui-là. Ton beau billet me fait le surligner, mais pour quand je serai à la retraite....et ne prends pas ton petit aire narquois qui me dit "nananalère, moi c'est pour bientôt" , hein !!! ;)
S
PS: je suis infiniment jalouse de ta bannière....ma-gni-fi-que...
S
J'ai entendu énormément de bien de ce livre quand il est sorti, et pourtant je ne me suis jamais décidée..;ton billet est très tentant...
P
Un livre bien tentant suite à ta chronique.. moi, j'aime bien les histoires d'amour compliquées.... enfin dans les livres, quoi que ? mais pas de jeux de mots, juste un grand merci de nous faire découvrir tes lectures. Ma pile à lire diminue, je le rajoute au dessus. Bises So
S
Merci Valentyne, j'aime beaucoup avoir ton avis aussi<br /> <br /> J'ai pensé très fort à toi, hier, pour le défi de Mindounet :wink:<br /> <br /> Chut... je n'en dis pas plus au risque de prendre un coup de règle sur les doigts :lol:<br /> <br /> Bonne fin de semaine à toi et gros bisous
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