La poésie du jeudi chez Asphodèle
chez Asphodèle
Je n'ai pas encore pris de temps de mettre mon idée à exécution : choisir des poèmes de Lyonnaises et de Lyonnais. Et même si je ne suis pas fan de la poésie de la Renaissance en vieux français un peu indigeste, j'ai eu envie de vous faire partager ma découverte.
Au hasard de mes recherches sur le Net, le nom de Pernette du Guillet de l'Ecole lyonnaise de poésie (16e siècle) retient mon attention. Et ICI, j'ai lu des explications sur la vie de cette jeune femme lyonnaise, morte de la peste à 25 ans.
Pernette du Guillet
(image du Net)
RYMES XLVII
C'est un grand mal se sentir offensé,
Et ne s'oser, ou savoir à qui plaindre :
C'est un grand mal, voire trop insensé,
Que d'aspirer, où l'on ne peut atteindre :
C'est un grand mal que de son cœur contraindre,
Outre son gré, et à sujétion :
C'est un grand mal qu'ardente affection,
Sans espérer de son mal allégeance :
Mais c'est grand bien, quand à sa passion
Un doux languir sert d'honnête vengeance.
RYMES V
Puis qu'il t'a plu de me faire connaître,
Et par ta main, le VICE A CE MUER,
Je tâcherai faire en moi ce bien croître,
Qui seul en toi me pourra transmuer :
C'est à savoir, de tant m'évertuer
Que connaîtrai, que par égal office
Je fuirai loin d'ignorance le vice,
Puis que le désir de me transmuer a
De noire en blanche, et par si haut service
En mon erreur CE VICE MUERA
Voici le texte du billet de Pantherspirit :
"Comment ne pas être émue en relatant la bibliographie de Pernette du Guillet, au destin doublement tragique ?
J’avoue l’avoir été, en m’immisçant le temps d’un article, dans le vécu de cette jeune femme, partie prématurément à la fleur de l’âge, et dont la majorité de l’œuvre est le reflet d’un amour à la fois pur, passionnel et impossible.
Et puis, fruit du hasard, il existe une "Allée Pernette du Guillet" située dans l’arrondissement de Paris dans lequel je vis, ce qui me donne le sentiment de la rendre encore plus "tangible" à mes yeux.
Pernette du Guillet dite "Cousine" naquit à Lyon en 1520 au sein d’une noble famille. Elle reçut une éducation complète et soignée, s’appliquant très tôt à l’étude des lettres et de la musique, ce qui lui permit de savoir jouer de plusieurs instruments et de parler parfaitement l’italien, l’espagnol, et le latin.
Elle se distingua également de très bonne heure pour ses talents poétiques, loués ainsi par l’éditeur de ses œuvres : "La promptitude qu’elle y avoit, donnoit cause d’esbahissement aux plus expérimentés."
Du fait de son origine, elle se trouva au contact de cet important centre intellectuel et littéraire que constituait alors l’Ecole lyonnaise, regroupant notamment Louise Labé, sa fondatrice, et Maurice Scève.
Ce dernier fut intimement mêlé à la vie poétique et amoureuse de Pernette : à l’âge de seize ans, elle devint son élève tout en étant liée à son mentor par des sentiments amoureux et partagés, mais qui ne purent rester que platoniques, par le fait qu’elle était déjà promise au Sieur du Guillet qu’elle épousa en 1538.
Cet amour devint la source de leurs inspirations littéraires, Maurice Scève publiant "Délie, objet de plus haute vertu", un recueil de poèmes qu'il lui dédia sans la nommer, alors que Pernette du Guillet consacra à son bien-aimé la majeure partie son œuvre poétique, qui ne fut publiée que post-mortem.
En effet le 17 juillet 1545, une épidémie de peste emporta brusquement la jeune femme âgée seulement de 25 ans.
Quelques mois après son décès, son mari confia à l’érudit Antoine du Moulin, valet de chambre de la reine Marguerite de Navarre et éditeur passionné, l’ensemble des feuillets dans lesquels elle avait consigné ses poésies, se reposant sur lui afin de les faire imprimer.
Elles furent éditées l’année même de la mort de l’auteur sous le titre de "Rymes de gentile et vertueuse dame Pernette du Guillet" (Lyon, Jean de Tournes, 1545).
Ce recueil où figurent quelques pièces de vers italiens et philosophiques, est principalement dédié à la passion qu’elle nourrissait envers "son Bel Amour".
C’est au nom de ce dernier, que j’ai décidé de vous faire connaitre "quelques morceaux choisis", qui le chantent avec un mélange de douceur et de passion, d’acceptation et de "pieuse tristesse".
J’ai volontairement apposé à la fin de cet article consacré à Pernette, les "Rymes V", qui contiennent à deux reprises, et écrites en majuscules, des anagrammes du nom de Maurice Scève. (Seule la seconde est parfaite) en tendre message témoin de sa passion..."
Voir aussi chez Wikipoèmes, la biographie de cette Poétesse lyonnaise ICI