Rendez-vous avec lui
Je le voyais déjà avant le premier épisode de canicule, couché sous une voiture, lorsque je descendais à pied pour prendre le bus ou le métro.
Un matin, un peu moins pressée, j'ai pris du temps pour lui parler. Il s'est levé et a essayé de miauler mais aucun son n'est sorti. Pas sauvage du tout, maigre et affaibli.
Alors, j'ai fait demi tour et suis revenue chercher de l'eau et des croquettes. Il a beaucoup bu et a avalé les croquettes. Son pelage était tout rapé.
Et la chaleur est revenue. Je continue à lui porter eau et nourriture. Il m'attend.
Ce matou me fend le coeur, bien sûr. Je peux le caresser, il se frotte, fait le dos rond, boit et mange et il a repris des forces, il se requinque. Il miaule à nouveau et se laisse photographier. Comme il a retrouvé un peu de force, il navigue et se met à l'ombre et à l'abri de la pluie dans un petit trou sous une haie.
Ce n'est pas un chat sauvage. Il a dû être abandonné.
Bien sûr, il a la liberté de circuler dehors, il n'est pas enfermé dans un appartement sans balcon, mais il manque d'affection et risque sa vie à chaque instant.
J'explique tout ça à Natty qui voudrait aller dehors, qui saute sur le rebord de la fenêtre au risque de tomber. Je lui dit qu'elle a beaucoup de chance.
Je ne peux pas le prendre chez moi -Sharon n'hésiterait pas à ma place- je ne connais rien de lui et je connais trop bien ma princesse. Mais tous les matins, je lui porte son eau et sa ration de croquettes. Je ne suis pas la seule, il y a d'autres barquettes à eau et croquettes.
Désormais, comme il a moins faim, on commence par une petite séance de caresses et de câlins.