Jeudi en liberté
A certains moments, il est bien difficile de reprendre sa place dans la Bloguo, comme si de rien n'était.
Des souvenirs, des images, des sons se mêlent dans ma mémoire et sont encore très précis. Le temps va trier cette profusion de ressentis pour ne garder que l'essentiel, le meilleur.
Pour ma liberté du jeudi, j'ai eu envie de recopier un texte entendu dimanche, à l'Amphi de l'Opéra, dit (de mémoire) avec tant de talent et de sincérité par l'Auteur :
"En d'autres temps, d'autre lieux, elle aurait été la jeune femme accoudée au demi-queue qui ne la quittait pas des yeux pendant qu'il jouait. Où qu'elle fût toujours en exil, toujours funambule sur le fil de la musique - qui sait où il conduit ? Le bout incandescent de sa cigarette se reflétant sur la laque noire du piano comme un phare au milieu de l'océan. Comme de très lointaines et muettes explosions au bout d'une plaine rase et déserte. Cette guerre qu'elle aurait fuie et qu'elle emporterait partout avec elle. Dans sa tête. Secrète. Jusque dans les moments les plus doux. Elle aurait porté un simple rang de perles et une paire de boucles d'oreilles assorties. Peut-être une broche discrète sur son coeur. La belle et mystérieuse inconnue : en disant cela, on aurait tout dit et rien dit.
Mais ni ces temps ni ces lieux n'avaient jamais existé. N'existeraient jamais.
Parmi les restes calcinés, on avait pu identifier son corps grâce à une couronne en or. Fondue."
A 50 ans cette année, l'Auteur ne change pas. Il remet toujours sans cesse sa mèche en place dans un geste élégant et répond aux questions de sa voix chaude avec toujours autant de simplicité et de sincérité.
J'ai très envie de relire ce roman pour le redécouvrir autrement.
Quel est cet Auteur ?
... facile, non ?
Edit 7 avril 2017
Il s'agit bien de Les Harmoniques de Marcus Malte
qui a reçu, en 2012, le prix Mystère de la critique