et son nouveau carnet 2016 ICI
Pourquoi ce choix ?
- Parce que j'ai trouvé son nom par hasard en feuillant un livre de Claude Ferrero qui parle des Secrets de Lyon
- Parce que c'était une femme "guerrière" au caractère bien trempé, amie de Jeanne d'Arc à qui elle a dédié son dernier poème (très beau)
- Parce que j'aime bien "agiter" certains Amis Copinautes qui vont se reconnaître. Et oui, finalement, le Français actuel n'est pas si compliqué qu'il le paraît !
image du Net
Seulete suy sans ami demouréeChristine de Pisan (ou de Pizan)
(1364-1430)
Seulete suy et seulete vueil estre,
Seulete m'a mon doulz ami laissiée,
Seulete suy, sanz compaignon ne maistre,
Seulete suy, dolente et courrouciée,
Seulete suy en languour mesaisiée,
Seulete suy plus que nulle esgarée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Seulete suy a huis ou a fenestre,
Seulete suy en un anglet muciée,
Seulete suy, pour moy de plours repaistre,
Seulete suy, dolente ou apaisiée,
Seulete suy, riens n'est qui tant me siée,
Seulete suy en ma chambre enserrée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Seulete suy partout et en tout estre,
Seulete suy, ou je voise ou je siée,
Seulete suy plus qu'autre riens terrestre,
Seulete suy de chascun délaissiée,
Seulete suy durement abaissiée,
Seulete suy souvent toute esplourée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Princes, or est ma doulour commenciée :
Seulete suy de tout'dueil menaciée,
Seulete suy plus tainte que morée,
Seulete suy sans ami demourée.
(Extrait de Cent Balades).
traduction en langue actuelle
(proposée par l'Association Mots Passants)
Toute seule je suis, et veux être toute seule,
Toute seule mon ami tendre m’a laissée,
Toute seule je suis, sans compagnon ni maître,
Toute seule je suis, souffrante et affligée,
Toute seule je suis, malade de langueur,
Toute seule je suis, plus qu’aucune égarée
Toute seule je suis, sans ami demeurée
Toute seule je suis à la porte ou à la fenêtre,
Toute seule je suis, en un recoin blottie,
Toute seule je suis pour me repaître de pleurs,
Toute seule je suis, souffrante ou apaisée,
Toute seule je suis, rien ne peut mieux m’aller,
Toute seule je suis dans ma chambre enfermée,
Toute seule je suis, sans ami demeurée.
Toute seule je suis, partout, en tout foyer,
Toute seule je suis, que j’aille ou reste assise,
Toute seule je suis plus qu’aucun être ici-bas,
Toute seule je suis, de chacun délaissée,
Toute seule je suis, durement humiliée,
Toute seule je suis, souvent tout éplorée
Toute seule je suis, sans ami demeurée.
Prince, voici dès lors mon chagrin commencé :
Toute seule je suis, de tout deuil menacée,
Toute seule je suis, plus noircie que morelle,
Toute seule je suis, sans ami demeurée.