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Soène aux mots passant
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7 janvier 2016

La poésie du jeudi avec Asphodèle

Jeu-la poésie du jeudi chez Asphod'L

et son nouveau carnet 2016 ICI

Pourquoi ce choix ? 
- Parce que j'ai trouvé son nom par hasard en feuillant un livre de Claude Ferrero qui parle des Secrets de Lyon
- Parce que c'était une femme "guerrière" au caractère bien trempé, amie de Jeanne d'Arc à qui elle a dédié son dernier poème (très beau)
- Parce que j'aime bien "agiter" certains Amis Copinautes qui vont se reconnaître. Et oui, finalement, le Français actuel n'est pas si compliqué qu'il le paraît !

 

christine-de-pisan

image du Net

Seulete suy sans ami demourée
Christine de Pisan (ou de Pizan)
(1364-1430)

Seulete suy et seulete vueil estre, 
Seulete m'a mon doulz ami laissiée, 
Seulete suy, sanz compaignon ne maistre, 
Seulete suy, dolente et courrouciée, 
Seulete suy en languour mesaisiée, 
Seulete suy plus que nulle esgarée, 
Seulete suy sanz ami démourée.

Seulete suy a huis ou a fenestre, 
Seulete suy en un anglet muciée, 
Seulete suy, pour moy de plours repaistre, 
Seulete suy, dolente ou apaisiée, 
Seulete suy, riens n'est qui tant me siée, 
Seulete suy en ma chambre enserrée, 
Seulete suy sanz ami démourée.

Seulete suy partout et en tout estre, 
Seulete suy, ou je voise ou je siée, 
Seulete suy plus qu'autre riens terrestre, 
Seulete suy de chascun délaissiée, 
Seulete suy durement abaissiée, 
Seulete suy souvent toute esplourée, 
Seulete suy sanz ami démourée.

Princes, or est ma doulour commenciée : 
Seulete suy de tout'dueil menaciée, 
Seulete suy plus tainte que morée, 
Seulete suy sans ami demourée.

(Extrait de Cent Balades).

 

 

traduction en langue actuelle 
(proposée par l'Association Mots Passants)

Toute seule je suis, et veux être toute seule, 
Toute seule mon ami tendre m’a laissée, 
Toute seule je suis, sans compagnon ni maître, 
Toute seule je suis, souffrante et affligée, 
Toute seule je suis, malade de langueur, 
Toute seule je suis, plus qu’aucune égarée 
Toute seule je suis, sans ami demeurée 

Toute seule je suis à la porte ou à la fenêtre, 
Toute seule je suis, en un recoin blottie, 
Toute seule je suis pour me repaître de pleurs, 
Toute seule je suis, souffrante ou apaisée, 
Toute seule je suis, rien ne peut mieux m’aller, 
Toute seule je suis dans ma chambre enfermée, 
Toute seule je suis, sans ami demeurée. 

Toute seule je suis, partout, en tout foyer, 
Toute seule je suis, que j’aille ou reste assise, 
Toute seule je suis plus qu’aucun être ici-bas, 
Toute seule je suis, de chacun délaissée, 
Toute seule je suis, durement humiliée, 
Toute seule je suis, souvent tout éplorée 
Toute seule je suis, sans ami demeurée. 

Prince, voici dès lors mon chagrin commencé : 
Toute seule je suis, de tout deuil menacée, 
Toute seule je suis, plus noircie que morelle, 
Toute seule je suis, sans ami demeurée. 


 

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Commentaires
C
Un poème que j'aime beaucoup et qui a une saveur particulière en ancien français! mais pour les sentiments, ils n'ont pas changé!
M
J'ai aussi préféré la V.O, lu à haute voix cela a un charme que rien n'égale !
A
J'ai préféré la V.O, quel charme!!<br /> <br /> C'est même dommage d'avoir mis la "traduction" ;)<br /> <br /> Enfin ceci prouve que nos ancêtres ont su faire évoluer notre langue, pas comme maintenant où certains prétendent la figer pour l'éternité !!
P
Un peu triste ma So'N pour un début d'année, <br /> <br /> mais c'est vrai que le spleen, la mélancolie, la morosité ont inspiré nos poètes
N
Je ne miaule rien : Sharon était première de sa classe en ancien français à la fac de Rouen. Elle est fichue de me chanter ses chansons préférées (en ancien français donc). Je vais demander à Chablis (mon mari) de me prêter ses boules Quiès.
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