Ce lieu, apaisant et magique, saisit le visiteur tellement il est encore rempli de la présence de Paul CLAUDEL, (1868-1955), frère de Camille C.
A la sortie du petit village de Brangues, "village de littérature", dans la campagne iséroise tout près de Morestel, le château se cache à l'abri des regards, dans un immense parc, écrin de verdure et de sérénité.
ICI toute l'histoire du château, propriété privée appartenant aux descendants de l'écrivain, encore habitée que l'on peut visiter.
"Le bonheur n'est pas le but mais le moyen de la vie". Paul Claudel, Oeuvre poétique
Oubliant volontairement les commentaires abondants de la guide locale, je retiens juste l'atmosphère particulière de ces lieux encore tellement empreints de la personnalité troublante de Paul Claudel.
A l'espace d'expositions Claudel-Stendhal
une incroyable rencontre avec Audrey Parr, la "fée Margotine", "fournisseuse de joie et de soleil" d'après Paul Claudel.
Cette jeune beauté, d'origine polonaise, brésilienne par sa mère et alsacienne par son père, était une "artiste dotée d'une grande intelligence, gaie, spirituelle, talentueuse pour la décoration, à la fois maquettiste, costumière, décoratrice, scénographe et illustratrice." Invitée à Brangues, elle tisse des liens d'amitié avec la famille de Paul Claudel et ses aquarelles sont le témoin de son attachement à ce lieu privilégié.
"Lorsque la fée Margotine tombe par la cheminée, le poète vieillissant s'enflamme et sa plume se déchaîne"... Une complicité artistique se crée entre le poète et la fée, un point c'est tout ?
"L'ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est le délice de l'imagination." Le soulien de satin
A propos de ces deux êtres, je me perds avec délice dans un total débordement imaginaire !
Mais l'histoire de Brangues est aussi liée à "l'affaire Berthet" (1827). Antoine Berthet et Julien Sorel... Bon sang, mais c'est bien sûr, c'est ce fait divers qui a inspiré Stendhal pour écrire Le Rouge et le Noir, paru en 1830.
En 1906, Paul Claudel épouse, à Lyon, Reine Sainte-Marie Perin (la fille de l'architecte de la Basilique de Fourvière). En 1927, il achète ce château et s'y installe. Il aime s'y réfugier, de son vivant jusqu'à l'éternité.
"Creuse ce jardin comme une tasse où tu viendras goûter l'elixir de tout ce paysage aromatique". Cent phrases pour éventails.
Il choisit ce coin "japonisé" (aménagement offert par Takatoshi Takemoto en hommage à l'admiration que portait Paul Claudel pour la culture du Japon), accessible par un petit pont rouge
endroit sauvage et solitaire, "dans le point le plus reculé de mon jardin" pour y être enterré aux côtés de son petit fils Charles-Henri (mort à deux ans en 1938). Son épouse les rejoint en 1973.
Sur la tombe, on peut lire l'épitaphe : "Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel", message d'espoir inspiré de l'épître de Saint-Paul.