Romanin

... l'autre Jean Moulin

Tout ce qui concerne Jean Moulin m’intéresse. Ce héros de la Résistance m’intrigue. Jusqu’à présent, je ne m’étais encore jamais penchée sur sa personnalité et sa vie privée, son autre vie plus méconnue, d’artiste caricaturiste, illustrateur, amateur d’art et marchand de tableaux.

Après avoir lu le roman «Max», j’ai ressorti le livret que les Dou & Dou m’avaient offert à la suite de leur visite au Mémorial Charles de Gaulle.

«Si l’on veut bien connaître Jean Moulin, il faut regarder ses dessins.» «Il est certain que le véritable carnet intimes, soigneusement codé, de Jean Moulin, ce sont ses dessins. Leur contenu et leur évolution en apprennent plus sur sa personnalité que la plupart de ses lettres.» a écrit Daniel Cordier, son dévoué secrétaire.

Le 8 juillet 2013 on célèbrera le 70^e anniversaire de sa mort. Le 21 juin 2013 sera le 70^e anniversaire de son arrestation à Caluire.

Cet été, Saint-Andiol lui consacrera une exposition (du 27/05 au 27/08), intitulée «Jean Moulin, résistant et artiste provençal».

Si les premiers dessins sont signés de son vrai nom, plus tard, pour éviter tout amalgame avec sa carrière publique, il devient «Romanin», ce pseudo faisant référence à «un souvenir d’enfance d’un lieu-dit plein de soleil, de thym, de romarin et de couleurs de Provence» mais aussi à «l’eau claire du Gaudre de Romanin, un sous-affluent du Rhône long de 9 kms qui traversait Saint-Rémy-de-Provence, mais aussi et surtout Eygalières, près de Saint-Andiol, village bastion de sa famille, près duquel il s’est fait parachuter le 2 janvier 1942».

Très tôt il manifeste des dispositions pour le dessin et croque ses professeurs. Il n’a que 16 ans quand ses premiers dessins sont publiés dans des journaux. Ces dessins sont signés de son pseudo et annotés le plus souvent au verso de légendes piquantes.

Par le dessin, son violon d’Ingres, il pose un regard amusé et subtil sur la Société, sans avoir peur même d’égratigner. Les femmes y tiennent une grande place, représentées en «mondaines, frivoles, élégantes, naïves, séductrices»… Et pourtant, il aime les femmes -et est très courtisé- et celles qui ont compté dans sa vie ou qu’il a croisées sont plutôt tout le contraire que celles de ses croquis !

Il s’essaie, avec talent, à plusieurs genres : dessins à l’encre de Chine ou au crayon, style Poulbot, paysages à l’aquarelle, petits croquis et dessins gravés à l’eau-forte. Ces derniers sont de véritables chefs d’œuvre. Il a également illustré des poèmes de Tristan Corbière, auteur des «Amours jaunes».

Ce mondain à la gueule d’ange qui aime tant la vie, cet être sensible et visionnaire, adore la poésie et se passionne pour l’art moderne. Marchand d’Art est certes une couverture pour ses activités clandestines, mais pas seulement. Il côtoie de grands peintres qui sont ses amis, ouvre une galerie à Nice et organise des expositions qui connaissent un grand succès, aidé par Colette Pons et Antoinette Sasse elle-même artiste-peintre.

A ma prochaine balade à Paris, j'irai découvrir le musée Jean Moulin.

Comments

[Oncle Dan]

J'ignorais aussi cette facette du personnage. Merci pour l'info.

[celestine T]

"mondain à la gueule d’ange" ce n'est pas la première image que l'on se fait du célèbre préfet...mais ton billet est extrêmement instructif.

Bravo. Quel talent!

[Sharon]

Je découvre moi aussi. Pourtant, les amours jaunes est un de mes recueils de poésie préféré, et je m'étonne de ne jamais avoir entendu parler de ses illustrations par Jean Moulin.

[Soene]

Quel beau compliment, Antiblues :oops:

J'adore quand je suis moi-même dans mes écrits !

Dommage qu'il ne soit pas plus connu en tant qu'artiste.

Et pourtant, il y a plusieurs musées Jean Moulin.

J'ai eu plaisir à votre partager ce livret offert par D & F :lol:

Bisous d'O.

[Antiblues]

Article de fond 100% soennien !

Tu nous fais découvrir des choses très intéressantes sur cet homme hors du commun !