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Soène aux mots passant
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27 octobre 2012

Le Club des Incorrigibles Optimistes

Le Club des incorrigibles optimistes-Aspho

Le Club des Incorrigibles Optimistes
de Jean-Michel Guénassia
(né à Alger en 1950 - avocat de formation)

Ce roman publié en 2009 chez Albin Michel a reçu :

le Prix Goncourt des lycéens en 2009
le Prix des lecteurs de Notre Temps en 2010
le Prix des lecteurs du Livre de Poche - sélection 2012

 

Ce «CIO» n’a rien à voir avec le mouvement olympique ! Ce qui importe aux protagonistes du roman c’est d’être vivants. Ils aiment se le répéter à la moindre occasion. A partir de ce postulat, ils vivent le moment présent. «C’est comme ça et pas autrement» !

Comme la chronologie des événements n’est pas respectée (volontairement) par l’Auteur, il m’a fallu relire le début du roman qui nous propulse dès les premières lignes en avril 1980. Michel Marini a 33 ans environ pour les funérailles de Jean-Paul Sartre au cimetière de Montparnasse.

Le dernier chapitre nous ramène au même endroit, en juillet 1964, pour les funérailles de son Ami Sacha Markish.

Pendant 684 pages, d’octobre 1959 et juillet 1964, sur fond de guerre d’Algérie, et dans l’ère du rock n’ roll, l’histoire entre la vie de Michel, un lycéen pas ordinaire, plutôt doué mais nul en maths, (il a 12 ans en 1959) et une bande d’apatrides, joueurs d’échecs, réfugiés à Paris pour fuir le régime communiste.

Un secret terrible lie ces déracinés qui ne sera révélé qu’à l’avant dernier chapitre. La cause de ce désordre date de 1952.

Franck, Michel et Juliette sont les 3 enfants de Paul Marini, sympathique, enjoué, (issu d’une famille modeste d’Italiens) et de Hélène Delaunay, sévère et injuste (issue d’une famille d’entrepreneurs), deux familles qui se détestent. Il adore son grand-père Enzo (né en France et marié à une Picarde) qui l’emmenait au Louvre -ma page 31 du 16/10-.

Michel, perpétuellement en conflit avec sa mère, élève au Lycée Henri IV, a quatre passions : le baby-foot, la lecture, la littérature et la photographie. Au fil du roman, on lui en découvre une 5e.

Page 48 : «J’avais horreur de perdre mon temps. La seule chose qui me paraissait utile, c’était de lire. Chez nous, personne ne lisait vraiment. Ma mère mettait une année à lire le Livre de l’année, ce qui lui permettait d’en parler et de passer pour une grande lectrice. Mon père ne lisait pas et s’en vantait. Franck avait des livres politiques dans sa chambre.»

Page 49 : «Moi, j’étais un lecteur compulsif. Ca compensait le reste de la famille. Le matin, quand j’allumais la lumière, j’attrapais mon livre et il ne me quittait plus. Ca énervait ma mère de me voir le nez fourré dans un bouquin.»

Avec Nicolas, son pote du bahut, ils jouent au baby-foot dans les bistrots dès que leur emploi le leur permet. En fréquentant le Balto, place Denfert-Rochereau, Michel devient l’ami de Pierre, ami de son frère, et de Cécile, la sœur de Pierre.

Un jour, il ose pousser la porte au rideau vert qui l’intrigue, au fond de la salle de restaurant du Balto. Sa curiosité va changer sa vie. Igor et Sacha, Léonid, Imré et Tibor, Vladimir, Lognon, Sartre, Kessel, Camus sont des habitués, jouent, boivent, s’entraident, s’engueulent et se réconcilient, rêvent et espèrent. Grâce à eux, le «petit Michel» découvre l’école de la vie.

Page 408 : «On dit qu’il n’est pas nécessaire de réussir pour entreprendre, c’est une vérité profonde. Ce qui relève de la conviction et de l’espoir échappe à la logique. Quand un homme accomplit son rêve, il n’y a ni raison ni échec ni victoire. Le plus important dans la Terre promise, ce n’est pas la terre, c’est la promesse.»

Igor devient son ami. Michel essaie en vain de percer tous ces mystères, ces non-dits.

Page 147 :
« - J’ai vécu plusieurs vies que j’ai oubliées.
- On ne décide pas d’oublier d’un claquement de doigts.
- Si. Tu oublies ou tu meurs.

Son silence, énigmatique, attisait ma curiosité. Sa façon d’éluder mes questions, ses réserves laissaient supposer un passé mystérieux que je voulais deviner. Igor avait décidé de ne pas ressasser. Sa vie, la seule qu’il consentait à évoquer, commençait à son arrivée en France. Igor était chaleureux, sans effort ni calcul. Il avait une manière de vous parler, spontanée, qui vous mettait à l’aise. Je n’ai jamais entendu personne dire du mal de lui. Au contraire, tout le monde l’aimait et le respectait.»

Comme ses études ne sont pas sa préoccupation majeure, Michel fréquente également la bibliothèque de la mairie. Christiane, l’une des bibliothécaires le conseille. Il l’écoute.

Page 332 : «Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l’irrationnel. Avant d’avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C’est l’alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s’impriment dans notre cerveau. Un livre, c’est un être vivant.»

Il lit aussi dans la rue et à la page 542, fait la rencontre de Camille qui lit aussi… En se croisant sans se voir, ils se tamponnent et tombent, discutent et s'en vont sans échanger ni leurs noms ni leurs numéros de téléphone... Ils se perdent de vue. Après des semaines passées à la chercher partout, par hasard, ils se retrouvent. Pour épater Camille, Michel lui récite les poèmes que Sacha écrit à toute vitesse.

Page 602 : «Il a pris une enveloppe, l’a retournée et, comme la première fois, il a écrit un poème en une minute. Sans difficulté, ni hésitation, ni repentir. C’était impossible qu’il l’imagine sur le champ. Combien en avait-il dans sa mémoire ?»

Il faut encore un petit peu de patience pour avoir la réponse à cette question et à toutes celles que l’on se pose tout au long de cette lecture. Il se passe bien d’autres choses encore...

Page 446 : «On ne sait pas s’il vaut mieux attendre et espérer ou se faire une raison et renoncer».

C’est ce que j’ai ressenti en lisant ces 730 pages. J’ai attendu la fin en espérant que tout s’arrangerait… J’ai dû renoncer à être optimiste. Quant à me faire une raison…

Page 500 : «Mes parents se séparent. Mon père m’a oublié. Ma mère m’ignore. Mon frère est en fuite. Ma meilleure amie a disparu. Son frère est mort en Algérie. Mon grand-père est retourné en Italie. Et j’espère que je n’ai pas perdu ma carte d’identité»…

 

Michel Marini obtient son Bac A avec mention Assez bien. Camille repart vivre en Israël avec ses parents et sa famille…  

C’est une belle histoire, un peu triste,  et le secret révélé est imprévisible. On oublie l'Auteur. C'est Michel qui raconte. L'histoire est classée en périodes (années scolaires, ça va de soi) et les chapitres alternent entre la vie de Michel et la vie des membres du Club. L'écriture est agréable à lire, heureusement car il faut porter toute son attention sur la multitude de détails qui ont plus d'importance qu'on le croit. Je n'ai presque pas parler de la photographie et pourtant c'est cet art qui rapproche Michel et Sacha.

Asphodèle n’a pas encore lu ce livre. Mon Amie Ptitlapin m’avait dit que j’allais l’aimer. Au fur et à mesure que ma lecture avançait, mon intérêt s’accentuait.

Merci, Miss Aspho, pour cette découverte. Je peux te l’avouer maintenant, j’étais persuadée que je n’aurais pas aimé ce livre !

 

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Commentaires
V
coucou Soène ;-)<br /> <br /> moi aussi j'ai envie de le lire celui là. D'ailleurs j'allais le prendre à la bibli il y a 15 jours quand j'ai vu une nouveauté du même auteur, mis en avant : La vie Rêvée d'Ernesto G (que j'ai pris, lu et vraiment aimé) <br /> <br /> 1952 est aussi une année clef dans ce livre : la disparition de Pavel, l'ami de Joseph Kaplan, le héros du livre à Prague <br /> <br /> Il apparaît Pavel dans le CIO (t'as vu comme je parle bien ;-) ? <br /> <br /> BISES Soène
A
Je trouve que c'est un beau roman ambitieux qui réussit à brosser le portrait de la France gaulliste à peine relevée de la guerre, ignorant ce qui se passe à deux pas de chez elle, dans la Russie stalinienne.<br /> <br /> L'auteur prend tout son temps pour installer le lecteur dans ce monde où se croisent les destinées les plus complexes et le quotidien d'un petit parisien qui fait son apprentissage de la vie.<br /> <br /> Oui j'ai aimé ce roman d'adolescence, celle un amateur de rock et de baby-foot...<br /> <br /> Comment ça je ne l'ai pas lu ??<br /> <br /> Qu'en savez vous après tout ? 8)
S
Je te conseille également "Le cercle littéraire...", c'est un de mes livres doudous.<br /> <br /> Bonne semaine prochaine.
M
Je trouve que le titre te va bien.<br /> <br /> C'est étrange mais l'histoire m' a l'air compliquée et pas démentielle. Par contre, les passages que tu proposes me donnent envie de le lire. Peut être plus tard, là j'ai mon compte de livres en attente et puis Noël arrive.<br /> <br /> As tu lu "le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" ?<br /> <br /> Bises.
C
Contente que tu aies aimé ce beau roman que j'avais lu (et adoré) à sa parution.
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