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Soène aux mots passant
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3 juin 2012

La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt

Ce livre m'a été offert par MTG (il avait fait un billet en septembre 2011) à l'occasion du Swap de printemps d'Asphodèle. Je l'ai lu très rapidement (ça m'arrive !), puis je l'ai relu très lentement, et j'ai pris beaucoup de notes...

swap F

 

Je n'arrivais pas à laisser ce livre, et surtout je ne peux pas passer à une autre lecture. Ce billet va m'aider à le déposer dans ma bibliothèque parmi les livres à garder... un livre qui restera "en bonne place sur les étagères imaginaires de mon coeur".

"Ah ces romans ! Ces diableries de phrases qui vous emportent et ne vous lâchent pas !"

277 pages d'une histoire qui m'a émue... et 4 pages pour l'épilogue qui m'a presque fait pleurer. Sans doute est-ce là le désir de Frédérique Deghelt qui déroute le lecteur dans les dernières lignes après l'avoir emporté dans un bonheur de lecture parfait. Bien sûr, ce n'est qu'un roman, un livre né de l'imagination de l'Auteur, pas une histoire vraie. Dès les premières pages, j'ai oublié que j'avais le nez dans un livre. Je me suis glissée entre Jade et sa Mamoune. Je les imaginais, je les voyais, je ressentais ce qu'elles vivaient, au fur et à mesure de ces chapitres alternés qui leur donnent la parole.

Et j'ai réécrit l'épilogue en 2 lignes : Jade a décidé de suivre Rajiv, son amoureux, en Inde, son pays natal. Jeanne ne les accompagnera pas. Elle a décidé de partager le temps qui lui reste à vivre entre sa Savoie et la Croix-Valmer, avec Albert, qui a accepté d'éditer le roman de Jade. Mais ça, c'est du pur Soène et je ne suis pas capable d'écrire un livre.

Que Frédérique Deghelt me pardonne cette liberté. "Bonnes ou mauvaises, les conséquences de nos actes sont toujours des mystères".

 

Jade, trentenaire, journaliste, vit à Paris. Elle a écrit un roman qu'elle essaie, sans succès, de faire éditer. Mamoune, octagénaire, vient de faire un petit malaise et ses filles veulent la mettre dans une maison médicalisée à Annecy. Informée par son père (le fils de Mamoune, qui vit en Polynésie), Jade décide d'aller chercher sa grand-mère, avant qu'il ne soit trop tard, et de la ramener chez elle.

Mamoune, à la peau douce qui sent "la rose et la violette", n'a jamais quitté la Savoie. Elle a perdu son mari, Jean, il y a 3 ans. Ils ont vécu à la campagne, une vie simple et sans histoire. "Jusqu'à aujourd'hui la vie ne m'a pas tout donné, mais elle m'a accordé l'essentiel".

Bien que Paris soit un monde qui n'est pas le sien, Mamoune s'en accomode vite et s'adapte à l'anonymat urbain de Jade. "Je n'ai pas l'énergie d'une révolte. Je ne l'ai jamais eue"... "Ce qui nous sépare, Jade et moi, c'est que tout me surprend... Jade vient d'un univers contraire au mien. Tout y est possible... Ma vie s'est déniaisée"...

"Je m'en rends compte aujourd'hui, être ici avec elle m'a rendu une envie de vivre et une allégresse que je ne savais pas avoir perdues. Je serais morte vite dans cette maison de repos, enfin cet hospice, même si on en a changé le nom pour mieux le déguiser. Je n'avais que de bonnes raisons d'y rester, à commencer par celle d'être abandonnée par les siens...

La cohabitation, que Jade craignait un peu, se passe plutôt bien et des liens se tissent au fur et à mesure de leurs conversations et de leurs petits et grands secrets dévoilés. "Toute révélation contient un acte d'amour mais est-ce bien ce que voit celui qui connaît désormais notre secret ?" L'échange de leurs savoirs est un enrichissement mutuel (couture, cuisine, écriture, lecture, musique classique, informatique).

Jade, élevée par Mamoune jusqu'à l'âge de 7ans, rencontre Jeanne, lectrice taiseuse cachée depuis de nombreuses années ! En gardant des enfants pour avoir un petit peu plus d'argent, Jeanne fait la connaissance du Comte Henri qui lui ouvre les portes de son incroyable bibliothèque. "Que de secrets ont habité mes silences..." "Ma vie de villageoise était peuplée de bavardages et ma vie de lectrice de silence"... "Tout de même quelle histoire cette grand-mère qui se planquait derrière sa Bible pour lire et parcourait la montagne avec ses amants de papier... "Elle n'est plus dans sa fonction de grand-mère. Elle est une femme avec ses aspirations secrètes... je n'aimais qu'une apparence..."

Jade a quitté Julien. Elle n'est pas heureuse, et Mamoune le voit. "Jade manque de bonheur mais ne s'en plaint pas. C'est plus émouvant encore. Elle aspire juste à l'amour... A travers les anecdotes de sa vie, je saisis les choix qu'elle n'a pas eus, quelque chose qu'on pourrait appeler le destin".

Alors que Jeanne propose à Jade de lire et d'apporter des correction au tapuscrit de son roman, le hasard (ou le destin) met Rajiv sur le chemin de sa petite fille. "D'une certaine façon l'arrivée de Rajiv dans la vie de Jade répondait à une aspiration. Celle du refus de la banalité".

"Je crois que je commence à faire des progrès. J'ai compris que ce diabolique instrument de recherche Internet fonctionne comme les matriochkas. Il entraîne celui qui y risque un oeil à emprunter un site qui l'emmène vers un autre, se prolonge ailleurs et se faufile autre part".
"La culture cérébrale" (Internet) n'a plus de secret pour Jeanne. Elle se sert de "l'engin" (l'ordinateur) de Jade et manipule lentement "la rondeur plastifiée d'un instrument nommé souris" pour envoyer ("sans passer par La Poste") une "lettre minute" (courriel) à Albert Couvin, des "Editions En lieu sûr, qui parle d'abord des lecteurs et non pas des auteurs", pour lui demander de publier le roman réécrit.

"Peu importe la façon dont on libère les idées. Si quelque chose s'écrit dans notre coeur, même en secret, la résonance de cette parole s'en va dans le réservoir des mots, là où puisent les créateurs...

Dans l'espace abstrait du temps s'élaborent les histoires à transmettre. Avec un langage qui ne cesse jamais d'évoluer, des aventures s'écrivent et l'essentiel de ce qui y est raconté se poursuit dans les livres à venir...

Ainsi les écrits pour ne point dire les écrivains formeraient une farandole qui fait danser nos vies, aide à comprendre, à cheminer et parfois à mourir..."

Le hasard fait encore bien les choses. Albert Couvin, a beaucoup entendu parler de Jeanne par Henri, son demi-frère...  Une nouvelle vie commence pour Jeanne. "J'avais une telle conscience d'être en train de vivre ce que je vivais là, qu'à un moment je me suis demandé si je n'étais pas en train de lire !... Il y a tant de choses que je n'ai jamais vécues et il me reste si peu de temps pour les découvrir".

Jeanne tombe amoureuse en cherchant un éditeur pour Jade. Jade tombe amoureuse en ne cherchant rien... Deux coups de foudre, c'est le destin... Ils (Jade et Rajiv & Jeanne et Albert) ne se quittent plus. Jade et Jeanne sont émerveillées et heureuses, malgré les 50 ans de vie qui les séparent.

"Ce n'était pas la jeunesse qui passait avec le temps. C'était une certaine façon de la considérer... C'est quand l'âme se refuse le plaisir de vouloir encore, malgré le poids de l'âge, que tout s'en va en lambeaux..."

Fin : "Que me serait-il arrivé si Jade m'avait laissée au triste sort que me réservait la vie dans une maison de repos ? Doux euphémisme pour cacher l'éternelle demeure qui aurait, je crois, refermé ses griffes sur moi".

Je sais de celles et ceux qui ont déjà lu ce livre l'ont adoré. Mais que l'épilogue de Frédéric Deghelt est inattendu et triste, et pourtant, elle laisse tout le long des 277 des petits cailloux pour nous amener à sa conclusion... Je m'en suis rendue compte à la deuxième lecture... "... envie impossible qu'a toute lectrice de découvrir pour la première fois ce qu'elle a déjà aimé".

En lisant ce roman, j'ai beaucoup pensé à toi, MTG, bien sûr, à Asphodèle, Olivia (en tant qu'Auteur) et autres Liseuses des Rat, Star, etc.

Et pour me permettre de quitter définitivement ce livre, une dernière citation de Frédérique Deghelt : "Il ne faut rien regretter, cela empêche de bien vivre".

Si je lis un autre roman de cet Auteur (il est trop tôt pour que j'ose aborder "La vie d'une autre"), je serai désormais sur mes gardes !

 

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Commentaires
S
@ Ptitlapin, tous les goûts sont dans la nature, mais lire apporte forcément quelque chose...<br /> <br /> <br /> <br /> @ TTD, oui, on peut discuter pas sans niak-niak :lol:<br /> <br /> <br /> <br /> @ Somaja, tu me rappelles ma fille qui est un véritable poisson rouge en ce qui concerne la mémoire :lol:<br /> <br /> Tu nous diras, mais ça peut-être un peu édulcoré pour toi Liseuse avertie...<br /> <br /> <br /> <br /> @ Antiblues, c'est notre génération qui vaut ça, on ne nous a pas appris à grasse-matiner :lol:<br /> <br /> L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, nous avons tout l'avenir à nous !!!<br /> <br /> <br /> <br /> Bises d'O.
A
N’empêche ça sent le vécu !!!<br /> <br /> Enfin pas pour moi, j'ai horreur de la grasse mat' ;)
S
Tu as aimé et tu le fais bien ressentir ! Très, très beau billet, très émouvant. On doit me le prêter bientôt, je reviendrai sûrement te relire quand je l'aurai terminé (parce qu'avec ma mémoire de poisson rouge, j'aurai tout oublié de ton avis d'ici là ! pfff ! tout le monde ne vieillit pas aussi bien que Jeanne ! ;))
T
Fais gaffe, Soène ! Te moque pas ! Dis-nous donc sur quel slow ton coeur battait et fondait, tes mains étaient moites en dansant avec celui qui, enfin, était venu t'inviter ! Et pi, d'abord, j'ai lu ton billet ! Et pi dabord, c'est rigolo aussi de discuter entre commentateurs ! Bisous, ma belle Soène !
P
Soène, lire ouvre au monde...et he rassure taty dany, on ne sent pas plus c...si on ne lit pas livres qu'il faut lire absolument selon certains. Le livre c'est comme un ami avec qui on se sent si bien. Gros bisous gros bisous
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