Des mots, une histoire 54
jai fait les photos le 31 janvier 2012 au Parc de la Tête d'Or
Monologue d'une oie cendrée
Miroir, mon beau miroir
dis-moi que je suis la plus belle, belle comme une Reine
Hé, ce n’est pas un simple hasard si je me nomme Anser Anser, "l’âme du Pharaon".
Je peux cacarder à ma guise, je suis seule dans cette flaque, mon jars est parti avec les autres en direction du Pavillon du Parc.
Il y a bien cette bipède inconnue, les pieds dans la boue et un livre sous le bras, qui me regarde avec tendresse. Elle n’arrête pas de me zoomer. Elle s’applique avec son APN, sûr qu’elle va me faire de belles photos. Pourtant, elle reste sur ses gardes et n’ose pas trop s’approcher de moi. Il est vrai qu’on a la mauvaise réputation de pincer. C’est une erreur de croire une telle absurdité. Moi, je suis d’un naturel sociable, une oie sauvage revenue à la vie domestique mais sans crainte de finir en terrine ou en confit. Mon thorax ne sera jamais bourré de maïs et mon foie ne sera jamais gras !
Ici, je me nourris de boutons de roses, de vers et autres mille-pattes qui fourmillent aux pieds des touffes de scolopendres, sur les bords du lac. C’est bon pour mes plumes. Je suis la plus belle.
D’habitude, je suis en bonne compagnie avec les canards, les cygnes, les mouettes, les poules d’eau, et même les mésanges charbonnières, dès que le printemps revient. Ce matin, c’était un peu différent, le Parc était tellement beau. La dame aurait dû venir plus tôt. Maintenant, avec le soleil, la neige sur les grands arbres fond en larmes de pluie, et «le long parcours des flocons» (c’est MTG qui l’a écrit !) s’achève inexorablement en jolis ronds dans l'eau.
Tiens, une rose rouge comme une tomate-cerise… Ridicule !... avec son chapeau blanc... Elle aurait dû demander au Petit Prince de lui prêter la cloche de «sa» Rose…
Dans ce coin désert, je suis un peu désorientée car j’ai plutôt l’habitude de vivre en communauté, toutes les études l’ont prouvé. Et si je chantais comme la Légion étrangère pour encourager ses troupes dans la lutte contre l’ennemi ?
«Les oies sauvages vont vers le Nord
Leurs cris dans la nuit montent.
Gare au voyage car la mort
Nous guette par le monde
Nous guette par le monde… »
Ca me rappelle que Michel Delpech tient un tout autre discours ; lui, il a «vu passer des oies sauvages qui s’en allaient vers le midi,la Méditerranée…». Faudrait savoir : le Nord, le Sud ?...
Et bien, moi, il y a belle lurette que j’ai laissé le train des migrateurs pour fonder mon foyer à Lyon. Sur les eaux du lac, j’ai rencontré mon jars. Nous nous sommes mariés, vivons heureux et avons beaucoup d’oisons…
J’ai tellement crié que le chien d’un monsieur le tire vers moi de toute sa laisse pour mieux me renifler… Non mais, il va voir… mais… le monsieur a accosté la dame !
je vais m’approcher pour écouter…
Pour la 54e Des mots, une histoire avec Olivia
la règle a un petit peu changé... nous n'avons pas eu à l'appliquer
23 petits mots ont été éparpillés : erreur - tendresse - train - thorax - scolopendre - lutte - inconnu - inexorablement - boue pavillon - compagnie - foyer - neige - étude - mésange - flocon - accoster - désorienté - discours - tomate - chanter - gare - livre